Le coup de panne [LIBRE]

Le cabriolet rouge fonçait à travers le désert, laissant des nuages de poussière derrière lui. Sur la vieille route peu empruntée, Madison Tucker chantait à tue-tête, la radio à fond.

- ... on the rooooaaaaaad again !

La jeune femme s'en fichait de chanter faux, ou même de ne pas respecter les limitations de vitesse : il n'y avait personne. Elle venait de remplir un contrat en solitaire. Elle avait dû intercepter une cible dans une voiture, et n'était pas peu fière d'avoir réussit. Ce n'était pas de la première facilité ! Ainsi, elle était pressée de rentrer chez elle en cet fin d'après-midi, surtout pour recevoir l'argent qui lui revenait. Elle entamait le deuxième couplet quand la voiture commença à ralentir. Madison s'étonna, car elle avait pourtant le pied appuyé sur le champignon. Pourtant, rien n'y faisait ; le cabriolet rouge était bel et bien en train de s'arrêter en plein milieu de la route poussiéreuse. Madison jeta un regard à la jauge d'essence.

- Oh non, pas le coup de la panne ! S'il te plaît ! Pas le coup de la panne, répéta la jeune femme en tapotant le cadran.

Malheureusement rien n'y fit : la voiture s'arrêta bel et bien en plein milieu du désert. Un vrai trou perdu. Madison regarda son volant sans le voir. Tout à son empressement de retrouver le bercail, elle avait oublié de refaire le plein d'essence.

*Bon sang mais c'est pas possible d'être aussi blonde !*

Pour une fois, la jeune femme maudissait sa blondeur. D'un geste rageur, elle claqua la portière et fit quelques pas sur le sable. Evidemment, elle n'était pas apprêtée pour une petite balade en plein milieu du désert. Regardant aux alentours, elle eut la surprise de constater que, non, l'endroit n'était pas si abandonné... Il y avait même une caravane. Totalement délabrée, mais quand même. Madison s'en détourna, et sortit son portable - rose fluo - qu'elle ouvrit d'un claquement sec. Pas de réseau.

*Tu m'étonnes.* songea la blondinette avec un soupir d'agacement.

Le contraire l'aurait surpris. Qui sait sur quoi elle pouvait tomber ici, la nuit venue ? Si tant est qu'elle tombe sur quelque chose... Parce que là... il n'y avait pas âme qui vive. Mais au moins, se rassurait-t-elle, elle n'était pas désarmée, c'était le cas de le dire. Un coup d'oeil dans son coffre pour deviner à quel genre de profession elle appartenait. Pourtant... un petit coup de pouce n'aurait pas été de trop...

Le soleil tape fort sur ma petite voiture... Qui d'ailleurs est vraiment chargée, je viens de déménager d'un petit village voisin pour cette ville au taux de criminalité excessif mais aux possibilités de travail infinies pour un jeune chasseur de prime... Ma voiture évidemment en surcharge fait comme a son habitude des bruits bizarres... A se demander comment elle fait pour tenir, mais qu'importe du moment qu'elle tient ^_^. Donc je suis sur cette route à une vitesse impressionnante, mon compteur affiche l'astronomique vitesse de 30 km/h. Aller un moment de folie, je vais passer à 35 km/h... *Appuis sur le champignon* Ahhhhh mon dieu, la voiture se met a trembler comme une machine à laver lors de l'essorage... Brrrrrrrrrrrrrrrrrr bon et si je ralentissais ? Soudain un boulon vient se taper contre ma tête! Surpris je pile aussi sec, un petite mallette qui était sur la banquette arrière vient se frapper contre l'arrière de ma tête ! Boom ... cui cui cui...

Aie ma tête... La voisine m'avait pourtant dit de ne pas mettre d'objet lourd sur la banquette... Ma voiture enfin immobilisée au milieu de la route et moi le front sur le volant et les deux mains derrière ma tête en train de toucher la bosse qui vient d'apparaître sur la tête. Raaaaah je me remet doucement de mon accident. Décidément proche de cette ville même les valises sont dangereuses... Je devrai peut être faire demi-tour --' Non hors de question ! Tiens ? *regarde dans son rétro* J'ai cru voir la grosse valise sur le siège arrière bouger --' en tous cas elle est mal fermée et une odeur bizarre s'en dégage... Sûrement mes chaussettes sales, j'aurai du les laver avant de partir... je regarde au loin et je vois une voiture rouge sur le bas coté à environ 200 m devant moi... Hum je vais quand même aller voir mais on sait jamais... J'ouvre ma boite à gants... J'ouvre ma boite à gants j'ai dit ! BOOM ! Obligé de mettre un coup de poing pour l'ouvrir ! Et là, malheur ! une forme plutôt difforme de couleur grise s'échappe maintenant de ma boite à gants et tombe sur le sol avec un bruit que je ne connais que trop bien Couinnnn... Au moment du bruit j'ai l'étrange sensation que la voiture tremble... Bizarre... Décidément le coup sur la tête n'a rien arrangé... Je ramasse donc le jouet en plastique sur le sol de ma voiture et l'observe... Mon pauvre Bibi, j'ai oublié de lui rendre son jouet, il doit être malheureux... C'est ma voisine qui devait s'en occuper pendant un petit moment le temps que je m'installe pour ne pas avoir cette brute de 40 kg dans les pattes... Mince le jouet me glisse des doigts, tombe entre mes jambes sur le sol et refait cette douce mélodie qu'est le Couinnnnnnn d'un jouet en plastique pour chien. Soudain la valise derrière moi se craque dans un bruit surprenant qui me fait sursauter ! Une masse de 40 kg sort de cette valise et se jette sur moi avec une des pattes arrière sur la gorge, une des pattes avant sur mon anatomie. Son poids m'empêche de crier, je vais mourir, puis l'immense créature se déplace de nouveau sur le siège arrière et se met à machouiller son jouet... Couinnnn couinnn couinnn couinnn -_-' Satané chien, il a certainement du s'endormir dans la valise et sans faire attention j'ai du la mettre dans la voiture... Trêve d'enfantillage je réglerai l'affaire de cette boule de poil plus tard... J'attrape donc le Beretta qui se trouve dans ma boite à gants et le met a ma ceinture dans mon dos, puis je la cache avec mon T-Shirt. Après tout ce n'est peut être rien, j'avance et vais me garer derrière le bolide rouge... Je sors de la voiture et me tourne vers Bibi

- Tu bouges pas! Tu gardes la voiture! Et tu ...

Mes paroles ne semblent pas avoir perturbé le chien le moins du monde... Rahhhh tant pis, je m'avance donc vers la voiture devant moi, prudence est mère de sûreté! Tiens voici le propriétaire du véhicule, WAH une superbe blonde, elle est trop can... mignonne ! Politesse politesse ! Je m'approche donc de la demoiselle avec un sourire !

- Bonjour demoiselle, puis je vous aider ?

Plus Madison regardait cette caravane délabrée, plus elle se disait qu'elle était... glauque. Et si quelqu'un y habitait ? Pas franchement rassurée, la jeune femme fit quelques pas dans sa direction... pour finalement se raviser. Si quelqu'un vivait dans cette caravane, eh bien... il valait mieux ne pas le déranger. Comme l'après-midi avançait, Madison se rassit dans sa voiture et enleva sa veste pour se protéger du soleil. Oui parce qu'en fait, son cabriolet était décapotable mais pas recapotable, si vous voyez ce que je veux dire. En gros, pas de toit, donc pas d'ombre. Et il faisait chaud puisque, évidemment, c'était le désert.

La jeune femme ne savait pas trop quoi faire. Devait-elle marcher jusqu'à trouver un signe de civilisation plus conséquent que cette vieille caravane ? Mais la prochaine ville était à des kilomètres d'ici ! Peut-être était-il alors préférable de rester sur place en attendant un hypotétique sauveur ?

- Eh bien voilà, ma blondeur m'aura tuée... de chaud, marmonna notre chasseuse de prime en s'éventant avec un journal.

Un grincement sonore monta de la caravane, devant elle. Madison frissona. C'était normal. Tout à fait normal. Pas de quoi avoir la frousse. Mais dans le doute... La jeune femme se leva vivement et ouvrit son coffre à la volée. À l'intérieur, deux de ses armes préférées. Un pistolet mitrailleur et un revolver. Sa troisième arme de prédilection se trouvait toujours sur elle. Maddison ne sortait jamais sans. Un couteau automatique, qu'elle cachait sous ses vêtements. Cette fois-ci, Madison l'avait attaché à sa jambe, juste sous sa jupe rose qui lui arrivait au niveau des genoux. C'était déjà rassurant, mais prendre son revolver l'était un peu plus, raison pour laquelle elle s'en saisit avant de refermer le coffre. Faisant quelques pas dans le sable, mais pas trop loin en raison de ses chaussures à talons, Madison osa s'avancer jusque devant la caravane. Elle s'apprêtait à y jeter un coup d'oeil, lorsqu'un ronronnement familier se fit entendre dans son dos. La jeune femme fit volte-face. Oui c'était bien le bruit... d'un moteur ! Avec un sourire, elle retourna vers son cabriolet. Devant elle venait une voiture, elle n'aurait su dire de quelle marque en la voyant d'aussi loin, mais elle s'en fichait. Elle était sauvée. La voiture en question se gara sur le bas côté, juste derrière la carbiolet rouge. Madison jeta sa veste sur son siège pour aller à la rencontre de son "sauveur".

- Bonjour demoiselle, puis je vous aider ?

- Avec plaisir ! répondit avec soulagement la jeune femme, avant de se rendre compte qu'elle tenait toujours son revolver dans la main droite.

D'un mouvement presque impreceptible, elle mit ses deux mains dans le dos et s'arrêta à côté de la banquette arrière. Avec un peu de chance, elle pourrait peut-être balancer l'arme sous le siège en toute discrétion. Mieux valait ne pas effrayer cet homme, auquel cas elle était bonne pour rester ici un moment encore...

- Ma voiture n'a plus d'essence, fit-elle en guise d'explication, avec un sourire rayonnant - il faut toujours être poli et souriant avec quelqu'un qui vous vient en aide. Pourriez-vous m'aider ? Je dois me rendre à Babylon.