Pas de nouvelle... Bonne nouvelle? [Cait]

Le ciel était encore bien sombre quand mes yeux se sont ouverts ce matin là. Au début, il me semblait que la nuit n'avait pas encore laissé sa place au jour puis, lorsque mon visage a basculé vers la droite du lit pour voir la table de nuit, le réveil affichait 10h17 AM.
Ca n'est pas qu'il ne faisait pas jour, juste que la pluie ne voulait pas laisser passer le soleil, aidée par ses épais nuages gris. Ce fut en même temps la raison pour laquelle mon sommeil fut lourd cette nuit. La pluie m'appaisait alors mon corps n'avait pas trouvé le besoin de réveiller mon cerveau. Il était bien là où il était et ne voulait pas sortir du lit. Pourtant le bruit des gouttes sur le véluxe de mon appartement le sortit de son sommeil réparateur.
Bizarrement, lorsque l'on n'arrivait pas à dormir, le corps réagissait moins vite dans la journée. Mes paupières mirent un temps fou à lacher mes yeux pour laisser enfin mes iris se brûler en voyant la lumière blanche aveuglante typique des jours de pluie. Elles se refermèrent automatiquement, affichant ainsi une grimace sur mon visage. Qui était l'idiot qui n'avait pas tiré le rideau? Ah oui... Il n'y avait qu'une seule personne ici: Moi. C'est qu'on l'oublierait presque quand on voit le bazarre qu'une personne seule peut mettre dans un appartement.

Bon. Mr Ivan s'est quand même décidé à se lever à force. Il le fallait bien. Je devais me faire à manger, prendre une douche et rendre visite à Cait. Ses nouvelles se faisaient rare et ça en devenait inquiétant. Mon côté ami fidèl voulait vérifier par lui même qu'elle allait bien et qu'elle n'avait vraiment aucun problème. Déjà que les cauchemards qui concernaient mon frère ne voulaient pas me lacher, je ne pense pas que la peur de voir arriver quelque chose à Caitlyn me fasse du bien! Mes os craquèrent dans un bruit sourd au moment où je me suis étiré de tout mon long pour pouvoir me réveiller d'avantage. Mais ce dont j'avais besoin était une bonne douche. Peut être même une froide?... Non! Mauvaise idée. Avec le temps qu'il faisait, j'allais encore réussir à chopper mal avec l'organisme que j'ai. Non. Une bonne douche, à température ambiante. Un déjeuner consistant pour bien remplir mon ventre et équilibré pour ne pas prendre de poids ou ne pas en perdre. Voilà la recette d'une journée qui pouvait bien tourner!

Une fois debout, mes jambes me conduisirent automatiquement dans la salle de bain. S'était ça quand on avait des rituels. J'ouvris le robinet et je passais de l'eau sur mon visage avant de me regarder dans le miroir. Hmmm... Y'a un peu de cernes... Mes yeux sont un peu rouge mais ça va passer. La couleur du ciel les a surpri c'est tout. Mes cheveux?... Un massacre! Comme d'habitude. Désordonné. Toujours aussi... Hétéroclite. Du blond sur les pointes, du brun aux racines. Vais je les laisser pousser et redevenir brun?... Mouais. Je pourrais. Je ressemble à mon frère en brun... Pourquoi pas? Je passe une main dedans et me rend compte que le fait de les avoir lissé ne laisse aucun noeud dedans à mon réveil. Ah! Ca ça fait plaisir à voir quand même! Bon... Je vais prendre cette douche qui m'appelle...
Une fois sortit, j'ai enfilé une chemise beige plutôt foncée et un jean par dessus mon boxer bleu. Manteau à capuche ou parapluie?... On verra bien. Pour l'instant, c'est l'heure de déjeuner! Heureusement que mon frère m'a montré comment cuisiné et aussi que j'étais entouré de neuf filles chaques jours! Parceque sinon, je me serais vite goinfré de pizza ou alors, j'aurais juste maigri à coup de salade verte et de verre de lait! Non, pas de ça! Là, je me nourris d'un oeuf avec du bacon pas trop salé. Un verre d'eau et c'est partit pour la journée! Ca arrive que mon déjeuner soit sucré mais là, j'étais d'humeur salé. Quand le soleil pointera son nez le matin, ça sera des céréales avec un bon verre de jus d'orange et un yaourt mais pour l'heure, il pleut alors, c'est salé.

La douche: prise.
Le petit déjeuner: idem.
Il ne me manquait plus qu'à aller chez Cait. J'espérais de tout mon coeur qu'elle allait bien. Je pris le parapluie (ouais j'aime pas les capuches...) et ferma minutieusement la porte de l'appartement à clé puis descendis les marches (j'habite au 5ème étage, sans ascenceur... Difficile pour les courses.) rapidement. La pluie n'était pas bien forte. Elle avait du se calmer au fil des heures. Mais je préférais garder le parapluie ouvert. J'avais fourré mon autre main dans ma poche avant de partir vers l'appartement de Caitlyn. La première fois que j'y étais allé s'était avec Dean. Normal, c'est lui qui m'avait présenté à elle. Cait était gentille, jolie et très amicale. On avait bien accroché tout les deux. On s'est vite entendu mais malheureusement, je ne sais pas pour quelles raisons, on ne se voit pas souvent... J'essayerais de la voir plus longtemps si cela ne la gêne pas, je suppose qu'elle n'y verra aucun inconvénient à ce qu'on passe plus de temps ensemble.

Les rues étaient plutôt désertes. Les gens n'aimaient pas vraiment sortir quand Babylon était sombre j'ai l'impression. C'était normal... Une fois que je vis l'immeuble de Cait, ma main vint sonner à sa porte et j'attendis sur le seuil que quelqu'un réponde. J'étais impatient de la revoir...

Dix heures du matin. Un peu trop tard à mon goût. La journée appartient à ceux qui se lèvent tôt. Mais j'ai une excuse. Hier soir, on est allé prendre un pot pour fêter mon départ de mon ancien job. Parce que aujourd'hui, c'est une journée de repos. Le repos de la guerrière... ou le calme avant la tempête. Au choix. Demain, je serai interne à l'hôpital de Babylon. Mon patron le savait. C'est pour cette raison qu'il m'a donné congé aujourd'hui. Si je m'étais écouté, j'aurai bossé encore jusqu'au dernier moment. Mais depuis hier soir vingt-trois heures, je ne vends plus de frites sur place ou à emporter. C'est un peu triste je trouve. Après neuf mois passés en leur compagnie, — mon boulot le plus long — je dois les quitter. Après, ce n'est pas comme si j'avais démissionné pour ne rien faire. Non. J'enchaîne sur un autre job, d'une toute autre trempe. Cette fois-ci, je vais sauver des vies. Je vais voir du sang à longueur de journée. Vu le nombre de malades mentaux qui traînent dans cette ville, je risque d'en voir des vertes et des pas mûres. Mais c'est nécessaire. Pour Bruce et pour Dean. Et puis c'est ce qu'il me faut. Un job à plein temps qui me permette de dépenser cette énergie inépuisable. Du coup, je vais profiter de ma journée pour ranger un peu peut-être. Et faire mon ménage. Je ne suis pas une femme d'appartement. Pourtant, j'aime bien que tout soit rangé et propre. Ce n'est pas de la maniaquerie, juste une question de pratique. Et puis quand c'est rangé, il suffit de passer un coup de balai — dans un deux pièces ça prend pas des masses de temps — et de passer un coup de pièce. La preuve ! En cinq minutes, j'ai fini. Et le temps que le salon et la chambre sèchent, je n'ai qu'à aller prendre ma douche !

Je ne suis jamais très longue sous la douche. Même lorsque comme aujourd'hui je lave mes cheveux, cela ne me prend jamais trop de temps. Après, c'est vrai que mes cheveux ne demandent pas un entretien particulier. Ils sont légèrement ondulés. C'est rapide, quoi ! Au sortir de la douche, j'enfile un shorty, ou boxer, tout dépend du nom que vous lui donnez. Je trouve ça plus confortable que le reste. J'attrape un soutien-gorge bleu pâle, assorti, avant d'aller choisir mes vêtements. Je suis partie pour rester ici toute la journée. Autant être à l'aise ! J'aurais bien aimé aller faire un jogging dans le parc mais le temps ne s'y prête pas. Alors je vais concilier mon envie et mon obligation. Pantalon en tissu bleu pastel, pratique sur le sport, et débardeur blanc à bretelles épaisses. Ouais ça m'a l'air bien ça. Cela dit, j'aurais pu rester en pyjama puisque je vais me contenter de revoir mes cours d'anatomie et les symptômes des maladies les plus courantes. Mine de rien, j'ai tendance à stresser un peu. Après tout, ce n'est pas un boulot comme les autres !

La solitude ne me réussit pas... J'ai l'impression d'étouffer. Et puis le temps est lourd. Et je ne peux pas sortir. Il ne manquerait plus que j'attrape une pneumonie la veille du commencement de mon internat. Je ne peux pas rester assise sur ce fauteuil. Il faut que je m'active. Je rassemble mes cheveux en un chignon désordonné et les coince à l'aide d'un crayon. Pratique ces ustensiles de bureau ! J'allume ma radio, fort mais pas trop puisque le voisin du dessus est un peu cinglé sur les bords. Je me suis arrêtée sur une chaîne old rock la dernière fois. Ça ira parfaitement. Je file dans ma cuisine, pied-nu comme toujours, et farfouille dans mon frigo à la recherche d'ingrédients pour faire un gâteau. Ça m'occupera. J'en apporterais un bout à Bruce plus tard. Ou alors je l'appellerai pour qu'il vienne manger avec moi ce soir. Je vais faire ça. Il me tiendra compagnie. Bref. Gâteau !

Malheureusement, cette occupation ne me tient pas longtemps. La pâte finie, je n'ai plus qu'à l'enfourner. Et à nettoyer mon plan de travail. Alors que je commence à me demander ce que je vais bien pouvoir faire à présent, on sonne chez moi. Tiens, je n'attendais personne pourtant. Certainement le facteur. Ouais ça doit être ça. J'ouvre la porte du bas, sans passer par l'interphone. J'oublie tout le temps. Et puis il me tarde de savoir qui me veut quoi. Et puis j'ouvre ma porte aussi, histoire de n'avoir pas à attendre que mon visiteur ait monté l'étage pour voir de qui il s'agit. Si Bruce me voyait, il m'arracherait les yeux. C'est vrai que je ne suis pas très prudente pour une femme de Babylon. Peut-être que c'est du au fait que je sois née ici et que mon frère soit un agent. Et l'un de mes meilleurs amis un gars recherché par l'Agence. Pratique tout ça. Enfin le fait est que mon imprudence n'a aucune conséquences aujourd'hui. La tignasse blonde qui s'approche, parapluie en main, ne me veut pas de mal j'en suis persuadée. Je souris, comme toujours me direz-vous, et accueille le visiteur sur le pas de ma porte.

- Ivan ! Quelle bonne surprise !

Je savais bien que je n'avais aucune raison de me méfier ! Ivan est un ami de Dean et par extension un de mes amis. Dean nous a présenté. Si on s'entend bien, on ne se voit pas plus que ça. Que voulez-vous, je suis une femme occupée ! Ouais non c'est une excuse en bois. Je ne sais pas pourquoi on ne se voit pas plus souvent. Peut-être parce qu'à part Dean nous n'avons pas d'amis communs. Enfin pas grave. Je suis contente qu'il soit venu me voir. C'est vrai que je n'ai pas donné de nouvelles de vie depuis un moment. J'ai dit que j'étais une femme occupée !

Tiens... L'interphone ne fait même pas résonner la voix de Cait mais la porte fait son bruit éléctrique pour dire "Je suis ouverte!". D'ailleurs, ce bruit est assez insupportable à force de l'entendre. C'est indéscriptible tellement c'est agaçant. Mais bon, on fait avec. Heureusement que mon frère n'avait pas prit son appartement au premier étage, on aurait entendu ce bruit toute la journée sinon! Mon dieu, l'horreur.
Je finis par fermer mon parapluie avant de frissoner en sentant une goutte se glisser le long de mon échine. C'est vicieux ces bêtes là!

J'aurais peut être du la prévenir avant de m'inviter comme ça... Je n'y ai pas penser mais peut être qu'elle voulait être seule ou que tout simplement elle avait déjà de la visite ou encore qu'elle travaillait... Bon, visiblement elle ne travaillait pas puisque la porte de son appartement ainsi que celle de son immeuble venait de s'ouvrir. Avant même que je pointe mon nez à l'intérieur de son appartement (que j'avais déjà vu une ou deux fois, peut être un peu plus, en y accompagnant Dean), j'entends sa voix:

- Ivan ! Quelle bonne surprise !
- Salut Caitlyn!

Ca fait plaisir d'entendre une voix amicale quand on vit dans un appartement seul alors qu'on avait l'habitude de faire un petit déjeuner pour quelqu'un... Mon frère me manque. Même, pas que ça. Je me sens seul en ce moment et je n'aime pas ça du tout... Ca ne fait qu'alourdir la boule dans mon estomac. Je me sens vraiment mal en ce moment. Le cauchemard. La solitude est vraiment quelque chose qui peut vous rendre fou... Je ne supporte pas ça.

J'ai secoué mon parapluie ainsi que mon blouson à l'extérieur, dans le couloir avant de les rentrer en même temps que moi. Son appartement est vraiment propre et bien rangé... En même temps, à côté du mien, il n'y a rien d'aussi bordélique! Je devrais peut être songer à y passer un coup de balais de temps en temps... Je ne pense pas qu'une femme de ménage soit la bienvenue. Mine de rien, Babylon ça craint un peu... Puis même, je n'ai pas l'argent pour. Il serait peut être temps que je me trouve du travail. Sinon, je ne pourrais bientôt plus payer mes cours de self et de danse. Ca serait terrible! Déjà que je n'ai pas grand chose à faire ici, si en plus je suis obligé de me passer de mes passions je ne vais pas m'en sortir.

- Tu as été occupé ces temps ci non? Je suis désolé, j'aurais du téléphoner, dis je une fois que je lui ai eu fait la bise.

Je n'aime pas déranger les autres... Je ne pense pas que beaucoup de personne aime faire ça en même temps.

Hum... Le soulagement qui me prend lorsque je constate qu'il s'agit de Ivan et non d'un psychopathe me rassure. J'ai quand même un certain instinct de survie. Vivre ici, c'est comme vivre dans un village que les lions visitent souvent. Si on veut ne pas devenir fou, il faut gérer la paranoïa. Chez moi, il se retrouve presque anéantie. Enfin je suis rassurée de voir qu'elle n'a pas totalement disparue. En vingt-trois ans de vie ici, il ne m'est jamais rien arrivé de grave. Bruce a veillé sur moi quand j'étais petite jusqu'à ce que je sache me défendre. Il n'a jamais vraiment cessé de garder un œil sur moi. Heureusement d'ailleurs ! Sinon, à l'heure qu'il est, j'aurais été violée puis tuée avant de finir dans une rivière de Babylon. Je me demande comment je peux faire pour vivre tranquillement après avoir frôlé un destin aussi tragique. Je dois avoir une bonne étoile. Impossible autrement.
L'arrivée de Ivan en est la preuve. Il m'a évité une après-midi à tourner en rond comme un lion en cage. Je suis très contente qu'il soit venu. Il se secoue et me salue sur le palier. Je me rends compte qu'il n'y a que moi pour faire mon ménage un jour de pluie. Il n'y a que moi aussi pour ouvrir ma porte comme ça sans savoir à qui. Et il n'y a que moi pour me languir de commencer à bosser à l'hôpital.

Je me pousse pour laisser entrer mon visiteur. Je referme la porte, à clé cette fois-ci. Encore une fois, si Bruce savait, il me tuerait. Il est du genre à tout voir en noir lorsque ça me concerne. Alors imaginez ! Ivan pourrait être un assassin ! Ce serait plausible vu qu'il est ami avec Dean. Mais ce dernier ne m'aurait jamais présenté une personne susceptible de me faire du mal. Dean est schyzophrène. Il n'est pas méchant ! Quand il est dans son état normal, il est carrément adorable. Mais il souffre, et ça c'est horrible. Je ne peux pas le voir aussi souvent que je le voudrais à cause de Bruce. J'ai promis de ne pas parler de lui. Enfin tout ça pour dire que je suis certaine que les intentions de Ivan sont bonnes mais que Bruce n'en serait pas si sûr. Ivan me fait la bise. Il n'a pas l'air de faire chaud dehors. Enfin chez moi, il fait bon.

« Tu as été occupé ces temps ci non? Je suis désolé, j'aurais du téléphoner. »

Si nous nous étions vu plus souvent, je lui aurais mis une tape sur la tête. Or, je ne sais pas comment il pourrait prendre un tel acte dans l'état des choses. Je me retiens donc et me contente d'attraper son manteau et son parapluie, accrochant le premier au porte manteau et laissant le second dans un pot à parapluie. Très pratique ce machin. Enfin pour en revenir aux paroles d'Ivan, il faudrait peut-être que je réponde.

- Oui c'est vrai j'ai pas mal été occupée récemment. Tu sais comment je suis ! Incapable de rester en place ! J'ai voulu profiter de ma dernière semaine de liberté, sans responsabilité. Et puis ne t'excuse pas ! Tu me sauves la vie ! Si tu n'étais pas venu, je crois que je serai devenue folle. Et puis tu as eu de la chance de me trouver ici. J'aurai du travailler aujourd'hui, mais mon patron m'a donné ma journée pour que je puisse me reposer avant mon baptême du feu. C'est infernal. Mais je suis contente de te voir ! Assieds-toi ! Tu veux boire quelque chose ?

J'avais dit que j'étais de nature bavarde, confiante et chaleureuse. Je suis heureuse de sa visite et je le montre.

- Alors comment vas-tu depuis la dernière fois ? Ça fait un bout de temps quand même !

Ouais... ça doit bien faire deux mois... C'est long quand même !

Sa présence est rassurante. Je me rend compte comme ça que je suis toujours aussi sociable. Et qu'elle soit chez elle est aussi une bonne nouvelle. Comme ça je ne suis pas seul. Ca fait un peu égoïste de dire ça. Mais la raison pour laquelle je suis venu chez elle n'est pas ma solitude. Du moins ça n'est pas la raison première. C'est une des raisons. Je suis bien chez Caitlyn car elle est adorable. Elle est gentille et sympa. Son appartement est agréable à vivre je trouve. D'ailleurs, il faudrait que je pense à démarrer le chauffage dans le mien parcequ'il commence mine de rien à y faire un peu froid. On voit la différence de température entre ici et dehors. En fait... Il fait froid dehors! Ici, il y fait une température ambiante. Une chaleur pas étouffante. Pile ce qu'il faut. On peut le sentir sur les joues de Caitlyn. Elle ne doit pas être sorti.

Je ne me souvenais pas que Caitlyn était piplette à ce point! Mais c'est bien de se retrouver avec quelqu'un qui discute et qui ne se contente pas de dire "oui", "non", "je ne sais pas" ou "peut être". J'aime les phrases remplies. Sujet, verbe, complément! On a une jolie langue autant l'utiliser non?

- Oui c'est vrai j'ai pas mal été occupée récemment. Tu sais comment je suis ! Incapable de rester en place! J'ai voulu profiter de ma dernière semaine de liberté, sans responsabilité. Et puis ne t'excuse pas! Tu me sauves la vie! Si tu n'étais pas venu, je crois que je serai devenue folle. Et puis tu as eu de la chance de me trouver ici. J'aurai du travailler aujourd'hui, mais mon patron m'a donné ma journée pour que je puisse me reposer avant mon baptême du feu. C'est infernal. Mais je suis contente de te voir! Assieds-toi! Tu veux boire quelque chose?

J'aime aussi la facilité avec laquelle elle me parle. Comme si nous étions de vieux amis. C'est aussi quelque chose qui est agréable à voir. Ca fait plaisir!
Elle avait eut une lourde semaine apparemment. Je comprends pourquoi nous ne nous étions pas vu. Je ne lui en veux pas. Je n'ai pas de travail, c'est ma faute. Puis, en même temps, il a fallut que je travaille mon Breakdance alors... Je n'ai pas été des masses disponibles ces derniers mois...

- Je veux bien un verre de thé glacé si t'as, merci, dis je avec un sourire en m'asseyant dans son canapé, tandis qu'elle s'occupe d'accrocher mon mateau et de ranger mon parapluie.

Elle est une bonne hote! Il y a toujours quelque chose à boire ou de bon à manger chez elle. C'est vraiment une amie idéale. Je devrais la voir plus souvent...

- Alors comment vas-tu depuis la dernière fois? Ça fait un bout de temps quand même!
- Bein écoute, je prépare ma représentation de Breakdance. J'ai quand même pas mal de temps pour moi mais j'arrive toujours pas à faire exposer mes dessins...

Cette dernière chose me décevait énormément... Je savais que je dessinais pas trop mal mais cela n'interessait pas les gens de cette ville... J'esperais toujours. L'espoir fait vivre. Je n'avais plus rien à lui demander puisqu'elle m'avait déjà exposé toute sa situation.

- Alors comme ça tu es interne maintenant? lui dis je avec un sourire.

Deux mois il me semble que je ne l'avais pas vu. Alors que je continuais de voir Dean quand je le pouvais. On s'est rarement vu tous les trois... Dommage...

C'est définitif, je suis complètement inconsciente. Le fait de grandir dans la cité des meurtres et autres crimes a du inhiber mon instinct de survie. Vivre ici peut avoir deux conséquences. La première : une paranoïa, comme celle qui angoisse Bruce, ou une indifférence frôlant l'inconscience, comme celle qui m'habite et fait de moi une créature heureuse de vivre. Il ne faut pas virer à la caricature non plus. Il m'arrive d'être triste, de faire la tête et d'être malade. Mais c'est relativement rare, quantitativement parlant. J'aime trop rire pour me morfondre. C'est quand même un peu inquiétant. Si je ne me suis pas inquiétée en ouvrant ma porte sans savoir ce qui m'attendait derrière, je me suis sentie soulagée qu'il s'agisse d'une connaissance appréciée. Je ne suis peut-être pas vouée à une mort prochaine ! Enfin il ne faut pas exagérer non plus.
Tout ça pour dire que je suis vraiment heureuse que Ivan me rende visite. Je l'aime bien, et puis il va pouvoir me tenir compagnie et m'empêcher de devenir cinglé. Il est tout sourire lui aussi. S'il n'est pas d'un naturel aussi jovial que moi, cela ne l'empêche pas d'être agréable au possible. D'un côté, j'ai toujours apprécié la compagnie. Je ne suis pas une solitaire. J'ai besoin d'être entourée, et ma préférence va à la gente masculine. Ce n'est pas une question de minauderie. C'est juste une question de préférence. Je m'entends mieux avec les garçons qu'avec les filles. L'exception a la règle s'appelle Jane.
En tout cas, je me sens bien pour l'instant. Je me sens mieux surtout. La preuve : je parle beaucoup. Et quand je parle, c'est que je suis à l'aise. Ivan a l'air à son aise lui aussi. Tant mieux ! Je compte bien l'accaparer un petit moment, en espérant bien sûr qu'il n'ait rien de prévu pour la journée. Il me demande du thé glacé, si j'en ai. Thé glacé... Indispensable !

- Je t'apporte ça tout de suite !

J'ai toujours du thé glacé, des jus de fruits et des sodas au frais. Pas d'alcools cependant. J'aime en boire de temps à autre, mais j'évite quand même. Je n'en vois pas l'intérêt. De plus, l'alcool ne désaltère pas. Il se contente de donner plus soif encore. Le thé glacé quant à lui est rafraichissant et efface toute sensation de soif, lorsque bien sûr il n'est pas trop sucré.
Je demande des nouvelles de mon invité surprise. Il me parle de sa future représentation de Breackdance et de ses dessins qu'il n'arrive pas à exposer. Logique.

- Babylon n'est pas la ville des artistes... Enfin si tu veux de moi, je ferai tout mon possible pour pouvoir assister à ta représentation. Je suis curieuse de voir ce que tu sais faire. Et pour tes dessins, je ne saurais que te conseiller de persévérer. Et il faudra que tu me montres tes oeuvres !

Le tout en sortant la carafe de thé glacé du frigo et en apportant deux verres. Je pose les grands verres sur la table basse et verse du thé dans chacun d'eux. Je tends un verre à Ivan et prend l'autre pour moi en m'asseyant en face de lui, en tailleur, sur le canapé une place.

« Alors comme ça tu es interne maintenant? »

Il sait que je fais des études de médecine. J'ai du lui parler de mon entrée en tant qu'interne la dernière fois. À moins que Dean ne s'en soit chargé ?

- Oh... Je serai interne demain matin, à quatre heures. Pour l'instant, je suis encore une personne normale. Je suis super excitée et en même temps, je ne peux pas m'empêcher d'appréhender. Je vais être lâchée dans la fosse aux lions et tout ce que j'ai fait, c'est disséquer et recoudre des cadavres et lire des bouquins. Alors franchement, je ne sais pas du tout comment ça va se passer. Mais je suis obligée d'en passer par là. Je ne vois pas d'autres moyens d'être utile. Il faut bien que je commence en tant qu'interne qui ne sait rien...

Je souris et hausse les épaules. C'est angoissant... Vraiment. Et j'évite d'y penser quand même. Ça ne me ressemble pas de m'inquiéter mais c'est beaucoup trop important. Je ne vais pas vendre des sacs à mains. Je vais en théorie, sauver des vies.

- Si je peux te donner un conseil, ce serait d'éviter l'hôpital durant les prochaines semaines.

Mieux vaut en rire qu'en pleurer.

Caitlyn est une fille simple qui ne se prend pas la tête... Je pense que si nous sommes tous deux amis avec Dean, ce doit être à cause de ce trait de caractère. Nous ne le jugeons pas et nous ne cherchons pas à lui demander des explications quelconque sur ses sentiments. En fait, Cait' et moi ne sommes pas si différents que ça. Nous réagissons à peu près pareil face à des situations similaires. Sauf qu'elle donne son côté féminin et joyeux, et que moi je donne mon côté masculin et timide! C'est marrant comme comparaison de caratcère. Peut être que nous ne nous voyons pas souvent parceque nous nous ressemblons trop. De ce fait, nous n'avons pas d'un deuxième nous même à la maison. Oh! Je suis aussi le côté bordélique. Et elle plutôt rangé. Je suppose que c'est à cause de son frère. Elle doit avoir l'habitude. Moi, mon frère s'occupait de moi, pas l'inverse. Donc, je ne sais pas réellement prendre soin de moi même... Nous ne sommes pas si semblables que ça après tout. Elle doit être plus débrouillarde que moi.

Bref, nous nous entendons parfaitement, c'est le principal. On dit toujours que l'intimité fait naître le mépris... Bah, pas sur. Mais bon, si on se voit une fois de temps en temps, c'est pas si grave non plus. Elle me fait un peu penser à une grande soeur. Pour ça que de ne pas la voir souvent c'est dommage mais je pense que tous les deux on peut vivre sans l'autre quand même! De la compagnie ne fait de mal à personne heureusement! Sinon, je serais décédé depuis longtemps... Puis, on est toujours bien acceuillit chez Cait'.
Ni une, ni deux, elle répond à ma demande de thé glacé.

- Je t'apporte ça tout de suite!

A croire qu'elle a toujours tout chez elle! Tant mieux. Quoique... Il ne me semble pas qu'elle ait de l'alcool. Ca ne me gène pas, je ne bois pas. J'ai juste quelques bières au frais pour quand Dean se ramène chez moi. Mais je ne bois pas avec lui. Je préfère me "saouler" au thé glacé! C'est une de mes drogues. Mais pourtant, ça n'est pas une boisson qui désaltère. J'ai toujours encore plus soif après avoir bu un thé glacé. Du coup j'en reprend un, puis un autre, etc... Impossible de se sortir de cette boucle infernale!
Elle répond après que je lui ai donné de mes nouvelles tout en venant m'apporter mon thé glacé, s'en servant un à elle aussi. Puis, elle s'asseoit.

- Babylon n'est pas la ville des artistes... Enfin si tu veux de moi, je ferai tout mon possible pour pouvoir assister à ta représentation. Je suis curieuse de voir ce que tu sais faire. Et pour tes dessins, je ne saurais que te conseiller de persévérer. Et il faudra que tu me montres tes oeuvres!

Je continue ensuite la conversation après avoir bu un peu de mon thé. C'est trop bon!
Je lui demande donc si elle est interne maintenant. Elle ne m'en avait pas parlé mais Dean l'avait fait quand je lui avait demandé si la jeune femme allé bien. Elle au moins elle était ambitieuse. Moi, je n'avais même pas de job...

- Oh... Je serai interne demain matin, à quatre heures. Pour l'instant, je suis encore une personne normale. Je suis super excitée et en même temps, je ne peux pas m'empêcher d'appréhender. Je vais être lâchée dans la fosse aux lions et tout ce que j'ai fait, c'est disséquer et recoudre des cadavres et lire des bouquins. Alors franchement, je ne sais pas du tout comment ça va se passer. Mais je suis obligée d'en passer par là. Je ne vois pas d'autres moyens d'être utile. Il faut bien que je commence en tant qu'interne qui ne sait rien...

Elle m'offre un sourire en haussant ses épaules avant de boire à son tour. Elle n'a pas l'air à l'aise de parler de ça... Bon, je changerais de sujet.

- Si je peux te donner un conseil, ce serait d'éviter l'hôpital durant les prochaines semaines.

Heureux qu'elle le prenne à la rigolade!

- J'y penserais! dis je avec un sourire avant de chercher autre chose comme sujet de conversation. Ca me ferait plaisir que tu viennes à une répétition un de ces jours!

Je savais qu'elle allair avoir moins de temps mais bon... Je restais sincère dans mes paroles!

Éviter l'hôpital... Non mais quel conseil idiot ! Ce n'est pas surtout pour la bande d'interne lâchée dans la jungle qu'il faut qu'il évite l'hôpital. C'est surtout pour lui. Éviter l'hôpital... non mais comme s'il faisait exprès de se blesser pour aller voir les infirmières. N'importe quoi. Je me demande parfois à quoi je pense. Il faut croire que la réputation de mes consœurs s'applique parfois à moi. Éviter l'hôpital... Je soupire. Il ne relève pas ma bêtise. Dommage, ça aurait été une occasion pour lui de me charrier. Pour réponse, il me dit qu'il y pensera. Il vaut mieux en effet. Je préfèrerais qu'il évite de passer par l'hôpital, peu importe que les nouveaux internes soient présents ou non. Enfin si Bruce parvient à ne pas passer par les urgences plus d'une fois par mois, Ivan devrait y arriver aussi ! Après tout, les danseurs ont généralement un bon sens de l'équilibre.
Enfin Ivan change de sujet. Cette fois-ci, il me dit qu'il aimerait bien que j'assiste à l'une de ses répétitions. Chouette !

- Avec plaisir ! Enfin... Si nous arrivons à trouver un moment où tu répètes pendant que je ne bosse pas. Et ça, c'est pas gagné. Je suis sûre qu'en réalité, ils nous testent la première année, histoire de voir ceux qui pourront supporter les journées de trente heures et les appels d'urgence en plein milieu de la nuit. C'est des vicieux !

Je dis cela avec mon habituel sourire. Je bois une gorgée de thé glacé avant que la sonnerie stridente du four ne me rappelle à l'ordre. Oui ben évidemment si j'évite de laisser le gâteau bruler, c'est mieux. Je me lève précipitamment et pose mon verre sur la table basse. Toujours speed. Je cours en permanence. C'est sûrement pour cela que je n'ai aucun mal à dépasser les limitations de vitesse. Après le fait que les policiers soient fixés sur la délinquance doit contribuer aussi à cela. Je suis sûre que des amendes pour excès de vitesse me refroidiraient. Bref, je cours donc dans la cuisine pour sauver la pâtisserie. Lorsque j'ouvre la porte du four, une délicieuse odeur se répand. Comme pour y répondre, mon estomac gargouille. J'attrape la manique et sort le plat du four. Je repousse la porte du four et amène triomphalement mon beau gâteau au chocolat sous le nez d'Ivan. Règle numéro un, distraire l'adversaire. Ça c'est fait. Je n'ai jamais rencontré personne qui résiste à ma cuisine, surtout à mes pâtisseries. Règle numéro deux, négocier.

- Si tu en veux, tu vas devoir me tenir compagnie ce midi. Sauf si bien sûr tu as quelque chose d'autre de prévu. Mais je pense que tu ne serais pas passé me voir aux alentours de midi si tu avais autre chose de prévu. Je me trompe ?

Le regard malicieux, je retourne poser le plat sur le plan de travail. Mine de rien, la manique ça protège pas grand chose ! Ce qu'il me faudrait, ce serait un morceau de la combinaison des pompiers. Ce serait bien pratique ça...
je retourne vite fait rejoindre mon invité surprise pour attendre sa réponse. Je suis un être démoniaque ! Non mais s'il a prévu quelque chose, il me le dira et je lui donnerai quand même du gâteau. Je ne suis pas cruelle ! Quoique... OK j'arrête et j'écoute le blondinet assis sur le canapé.